restauration intérieure de l’église de Lanslevillard, Val-Cenis



année(s) : 2020>2024 (travaux en cours)

cadre : épure (en collaboration avec Dominique PERRON, architecte du Patrimoine)

coût travaux : 635 000 € HT

résumé :

L’église Saint-Michel de Lanslevillard est classée au titre des Monuments Historiques, par arrêté du 13 mars 1991.

La restauration intérieure de l’église Saint-Michel de Lanslevillard achève la campagne de travaux engagés sur l’édifice, après la restauration de la toiture (chantier en 2014-2015) puis la restauration des façades (chantier en 2018), sous la direction de Jean-François GRANGE-CHAVANIS, architecte en chef des monuments historiques.

Cette campagne de travaux s’attache plus particulièrement à restaurer les décors peints qui font la richesse de cette église de Haute-Maurienne.

A) LES DÉCORS ANTÉRIEURS au XXe siècle

L’étude des parements des voûtes de l’église St Michel n’ont mis au jour aucun décor significatif antérieur au XIXe. Très altérés et souvent monochromes, il nous a paru inutile d’en chercher une interprétation de la composition ou une datation précise. La période XIXe est beaucoup plus riche en enseignement et la mise en parallèle avec les différents écrits retrouvés dans les archives nous permet d’en faire une chronologie plus précise.

 Après la première campagne de travaux de 1810, Il semble que le couvrement (le dôme) actuel est plus bas que celui d’origine. Le lanternon a été réduit au vu des peintures se retrouvant au-dessus et découverte par Mr Jean François GRANGE CHAVANIS notamment les personnages décrits dans l’essai de monographie paroissiale de Mme Jacqueline JORCIN-ROCH.

« D’importants travaux de restauration des décors furent encore entrepris en 1856 avec un décor peint est homogène, et composé pour une partie en trompe-l’œil. Des motifs en rinceaux de feuillage ornent les voûtes de la nef. Les quatre quartiers de la voûte de la tour lanterne accueillent les symboles de la foi » (Etude préalable. Jean-François GRANGE-CHAVANIS Mars 2003)

En conclusion de la campagne de sondages, Thierry VITALONI  précise que « La description du décor que nous avons dans l’étude préalable de Mr Grange-Chavanis correspond au décor actuellement visible, œuvre de MACCHIONE Dante (1926). Il est possible cependant, que l’artiste se soit inspiré de quelques éléments décoratifs de cette époque. Les différents sondages que nous avons entrepris mettent à jour un décor qui correspondrait à la campagne de 1856. ».

B) LES DECORS DU XXe siècle

Pour la dernière campagne de 1926 « Ce décor est l’œuvre de Dante MACCHIONE, il est signé dans le chœur (Illust. : 32) L’étude menée en septembre 2002 par Mme Florence CREMER attribue le décor actuellement visible à Dante Macchione (septembre 2002). Effectivement, l’inscription retrouvée dans le chœur ainsi que l’armoirie d’Auguste GRUMEL, évêque de Maurienne de 1924 à 1946 (Illust 33) peinte sur l’arc triomphal laisse peu de doute quant à la datation de ce décor. Il est toutefois possible, que le peintre ait gardé ou se soit inspiré de quelques éléments du décor antérieur. » (Rapport de Mr Thierry VITALONI)

 Les voûtes reçoivent un décor de rinceaux et de feuillage en enroulement dans des panneaux marquant les quartiers de voûtes dans les tonalités de gris clair, d’ocre jaune, d’ocre brun et d’ocre brun lie de vin, avec des enroulements de feuillage blanc crème.. Ceci se retrouve pour le décor sous la tribune avec au centre des médaillons armoriés et pour les voûtes de la tribune. Ce décor de Dante MACCHIONE de 1926 reprend en grande partie le décor précédent de 1856.

La mention « PINSEANUOVO TUTTA LA CHIESA » (« a peint toute l’église ») ne laisse peu d’ambigüité sur l’étendue du travail de l’artiste. D’autres indices vont permettre de confirmer la période de réalisation des peintures avec la présence dans les décors des armoiries de personnalités ecclésiastiques de l’époque : Auguste GRUMET, évêque de Maurienne de 1924 à 1946 (sur l’arc triomphal) et Pie XI, pape de 1922 à 1939 (sur le plafond sous la tribune).

Sur la voûte centrale de la tribune et les voûtes des bas-côtés, nous retrouvons un décor géométrique très stylisé sur un registre que l’on peut qualifier d’Art Déco. On retrouve également ce décor géométrique sur les piliers de la nef. A la base du décor d’un des piliers, on remarque très clairement la trace du précédent décor qui transparait sous le dernier travail. Le motif découvert correspond très nettement aux décors de rinceaux et de feuillage en enroulement dans des panneaux marquant les quartiers de voûtes. Ce qui démontre, une nouvelle fois, l’étendue de l’intervention de Dante MACCHIONE qui reprend une partie du décor de rinceaux et de feuillages (nef), et apporte ses propres créations sur le reste des éléments de l’église (tribune, chœur, bas-côtés, piliers …)

Ce mélange de style est très surprenant sachant que l’Art déco est un « mouvement artistique » né dans les années 1910, principalement au lendemain de la Première Guerre mondiale (1918) et qui prit son plein épanouissement au cours des années 1920 avant de décliner lentement à partir des années 1930, pour prendre fin avec la Seconde Guerre mondiale (1939). C’est le premier mouvement d’architecture-décoration de nature mondiale. Ceci n’a rien de surprenant considérant que Dante MACCHIONE (re)peint ce décor en 1926 s’inspirant du dernier décor de 1856.

Ce décor est à notre sens l’un des très rares mélanges stylistiques que l’on puisse trouver dans ce type d’édifice religieux, ce qui en fait un témoignage unique.

PROPOSITION DE TRAVAUX

La restauration intérieure consiste à restaurer les décors peints, dégradés par plusieurs infiltrations. Elle s’accompagne de la suppression de la chaufferie afin de libérer le narthex qui retrouvera ainsi sa configuration originelle. La campagne de travaux comprend également la restauration des boiseries, ainsi que la réfection de l’électricité couplée à une mise en valeur par l’éclairage.